Construire une roadmap data est un jeu d’équilibre où l’on cherche à la fois à répondre aux besoins business immédiats mais aussi à poser des bases stables pour l’architecture du système de données. Il y a cependant deux écueils majeurs lorsque l’on établit sa roadmap :
Il est donc nécessaire de naviguer entre ces deux extrêmes pour développer une roadmap data équilibrée qui porte ses fruits à court terme, tout en offrant une architecture stable sur le long terme. Pour cela, nous avons établi un framework vous permettant de trouver cet équilibre précieux et de construire une roadmap data adaptée à vos besoins.
📕 Sommaire
Construire votre roadmap data : le guide étape par étape
Pour clarifier le processus de construction d’une roadmap data, nous avons choisi de prendre l’exemple d’une équipe data fictive de 10 personnes pour laquelle on construit une roadmap sur 12 mois. Les besoins de cette équipe sont ceux que l’on observe le plus fréquemment. Le développement de cette feuille de route se fait en 5 étapes :
#1 – Recenser les besoins métiers
La première étape de la construction d’une roadmap data consiste évidemment à recenser les besoins métiers. Cela passe d’abord par des entretiens avec les principaux responsables des sujets nécessitant une intervention de l’équipe data. Le lead de l’équipe data se doit ainsi de rencontrer les responsables métiers des équipes support, sales, marketing…
Lors de ces réunions, l’accent doit être mis sur les exigences à 12 mois qu’il faut réussir à identifier et à prioriser. Cela permet de déterminer les « besoins data » qui incombent à votre équipe et d’estimer le nombre de projets sur lesquels il est nécessaire d’intervenir.
Une bonne pratique est de collecter les retours de ces échanges dans un tableur où l’on décrit les objectifs des projets, les principaux KPIs qui y sont liés, les leviers d’actions… Ainsi, il est plus facile de se rendre compte de la charge de travail requise par chaque business unit et de regrouper les projets similaires.
#2 – Filtrer les besoins
Après avoir collecté l’ensemble des requêtes, il est nécessaire d’appliquer un ensemble de filtres sur celles-ci afin de pouvoir les prioriser. Yann-Erlé le Roux propose ainsi un système de « tamis » permettant in fine d’attribuer à chaque tâche un degré de priorité.
Le tamis est constitué de 4 filtres :
Pour chaque intervention, on associe un score de 1 à 3 à chaque filtre. Il s’agit ensuite de sommer l’ensemble pour obtenir une note allant de 4 à 12. En opérant ainsi, il est possible de classer directement les projets par un tri décroissant. On obtient alors directement un premier ordre de priorité sur les tâches.
#3 – Définition des priorités
Une fois la liste triée par ordre décroissant des notes, on peut ajouter une valeur de priorité qui permet d’affiner ce classement. 5 degrés de priorité suffisent à classer l’ensemble des projets :
En établissant ainsi un classement en 5 niveaux, on obtient une version « 1.0 » de la roadmap data et surtout un premier éclairage quant à la charge de travail.
#4 – Estimation de la charge de travail
Après avoir déterminé l’ordre de priorité des UC, il faut définir pour chacun une estimation de la charge de travail en jours travaillés. Une bonne façon de procéder est d’établir un classement en « taille de tee-shirt » :
Il suffit alors de sommer les jours travaillés pour obtenir la charge totale, tout en tenant compte de la charge de travail maximale. Dans notre cas par exemple, la limite est de 2060 JH (10 ETP x 206 jours travaillés).
#5 – Attribution des sujets
Maintenant que les sujets sont ordonnés par ordre de priorité et que la charge de travail a été définie, il faut les attribuer aux équipes correspondantes. On les réparti généralement ainsi :
Pour clarifier la portée du projet auprès des équipes, il est nécessaire de déterminer le degré de maturité du projet :
Il faut ensuite segmenter entre les différents métiers concernés :
Lorsque toutes ces étapes ont été réalisées, il est enfin possible de choisir le timing pour les projets, que l’on organise en trimestre généralement, mais dont le maillage peut être adapté aux besoins. Il s’agit ensuite d’adapter ces use cases à la méthodologie de gestion de projet que vous utilisez : en Agile, on regroupe les use cases en groupes appelés EPIC qui sont associés à des grands thèmes (par exemple : projets transverses, stratégie entreprise, efficacité du développement, efficacité des opérations, connaissance clients).
Construire votre roadmap data : s’adapter aux besoins de votre organisation
Le rôle de l’équipe data
Si les besoins de chaque entreprise différent en termes de données, quelques règles générales peuvent être adoptées pour s’assurer de développer une roadmap data s’inscrivant dans la stratégie générale de la firme. Essentiellement, cela se résume à se demander pourquoi l’équipe data existe au sein de votre société. Quelles sont les problématiques centrales ? Quels problèmes devez-vous résoudre ? Quelles solutions pouvez-vous apporter ?
Ces questions permettent de classifier l’ensemble des sujets en trois catégories :
Rôle | Le problème | La solution | L'objectif |
---|---|---|---|
Analyse | La direction a besoin de données pour orienter et guider la prise de décision | Construire des dashboards et développer une histoire autour des données pour faciliter la compréhension des données stratégiques | Apporter un éclairage et de nouvelles informations |
Automatisation | De nombreuses tâches répétitives et chronophages doivent être réalisées à la main | Développer des processus automatiques permettant d'accélérer significativement le traitement de ces tâches | Economiser des ressources, du temps et de l'argent |
Développement de produit | Il y a une opportunité de générer un revenu en créant un produit data | Transformer des données brutes en une solution technique profitable | Créer une source de revenu supplémentaire |
Adopter cette grille de lecture lors de la construction de votre roadmap permet de gagner en pertinence. Ainsi, vous pouvez prendre du recul sur chaque sujet que vous devez intégrer à votre roadmap. De cette façon, vous vous assurez que votre feuille de route conduise au développement et renforcement du rôle central de votre équipe au sein de l’entreprise.
Les éléments à considérer en amont
Lorsque l’on se pose la question de la place de l’équipe data au sein de l’entreprise pour construire une roadmap pertinente, il faut aussi considérer un certain nombre de motivations en amont et d’influences extérieurs qui affectent fortement la construction de cette feuille de route. Les équipes de Teradata proposent une structure en trois parties pour bien différencier ces éléments.
Les drivers sont à l’origine des besoins data et justifient la mise en place d’une roadmap. Ils permettent également un mécanisme crucial de cadrage. Chaque projet déployé, chaque problème de qualité des données traité et chaque politique de gouvernance des données établie doivent avoir un lien clair avec l’activité de l’entreprise.
Une fois les drivers pris en compte, il faut s’intéresser aux nombreux éléments qui viennent influencer la roadmap et la capacité à développer et à mettre en place de nouveaux projets.
Enfin, lorsque vous avez une compréhension suffisante de ces sujets, vous pouvez prendre certaines décisions et évaluer l’impact de celles-ci.
Construire une roadmap data est loin d’être un exercice trivial, et le succès des projets entrepris par l’équipe data dépend très fortement de la qualité de cette feuille de route. Pour cette raison nous vous conseillons fortement d’appliquer le cadre que nous vous avons proposé pour procéder par étapes. Ainsi vous vous assurez d’avoir :
Ces trois avantages sont décisifs pour la réussite de votre équipe et pour le développement de la data dans votre organisation. Répéter ce processus est la garantie d’avoir une équipe fiable année après année, capable de tenir ses engagements et de fournir des leviers d’actions efficaces qui s’intègrent parfaitement dans un écosystème que vous pouvez alors faire évoluer.
Ainsi, le développement de votre roadmap data doit être une de vos préoccupations majeurs. Plus encore, il est absolument nécessaire de revenir régulièrement sur cette roadmap pour pouvoir l’adapter, la corriger ou la préciser afin d’avoir toujours une vision claire des projets à venir et d’être capable de guider au mieux votre équipe.